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Les Ratés d'une Traque
Published on December 25, 2006 By marouki In International
Deux journalistes français, Eric de Lavarene et Emmanuel Razavi, fins connaisseurs de l'Afghanistan, ont terminé un reportage de 52 minutes intitulé « Ben Laden, les ratés d'une traque », qui devrait être diffusé dès janvier sur une chaîne francophone. Ils racontent qu'à deux reprises, en 2003 et 2004, des soldats français en poste en Afghanistan ont eu la possibilité d'intercepter le chef d'Al-Qaïda, et même de l'abattre. Chaque fois, les Américains les en ont empêché. Ces révélations rejoignent celles de deux Américains membres des Forces spéciales, dont l'ouvrage en français, Sur les traces d'Al-Qaïda, paru fin 2004, est curieusement passé inaperçu.


Fin 2003, dans le Sud de l'Afghanistan, près de la frontière pakistanaise, des soldats français du Commandement des opérations spéciales (COS) repèrent un petit groupe de combattants ennemis grâce à leurs jumelles de visée nocturne. Et parmi eux, Oussama Ben Laden. L'homme le plus recherché de la planète est à moins de 400 mètres. Il ne se doute de rien, c'est la nuit, le commando tricolore est enterré. Un soldat tient le géant saoudien (il mesure plus d'1,90 m) dans son viseur. « J'ai Ben Laden », lâche même le militaire. Seulement voilà, en Afghanistan, les Français sont sous les ordres des Etats-Unis. Depuis l'état-major américain de Bagrham, le COS reçoit, au bout d'un très long moment, l'ordre de laisser partir le fondateur d'Al-Qaïda…

Quelques mois plus tard en 2004, le même scénario se reproduit. Y a-t-il eu par deux fois des ratés dans la chaîne de commandement ? Ou faut-il émettre une hypothèse plus invraisemblable : malgré toutes les déclarations de Georges Bush depuis le 11 septembre 2001, l'Amérique ne souhaite pas capturer l'ennemi public numéro 1.

« Les militaires français ont eu 9 morts en Afghanistan. Profondément choqués par l'attitude des Américains, ils ont commencé à nous parler. Nous avons enregistré leurs déclarations », raconte Emmanuel Razavi, de l'agence Hamsa Press, installée à Dijon, l'un des auteurs du reportage télévisé. Avec Eric de Lavarène, correspondant de plusieurs médias francophones en Afghanistan et au Pakistan (Libération, France Info), ils ont réalisé un reportage de 52 minutes, intitulé « Ben Laden, les ratés d'une traque », qui sera diffusé en janvier prochain sur une chaîne francophone, peut-être Arte. La télévision suisse est également intéressée. Le film ne spécule pas sur les motifs de l'état-major américain, il ne se livre pas à de la politique-fiction. Non, il se contente de raconter, de tendre le micro à de nombreux acteurs en Afghanistan et au Pakistan.

Les multiples révélations, que ce soit du représentant de la Banque mondiale à Kaboul, d'un conseiller du président Hamid Karzaï, ou de Haji Zaher, général de la police afghane, laissent pour le moins songeur. On y apprend qu'à Tora Bora, loin de vouloir capturer Oussama Ben Laden, on lui aurait tranquillement permis de s'enfuir … avec 70 de ses hommes. « On lui a laissé la voie libre », raconte l'un des trois commandants afghans présents à Tora Bora. Aujourd'hui, lorsque les Américains livrent des armes à l'armée nationale afghane, dans le même temps, ils offrent la même quantité de munitions aux… Talibans.

« L'Administration américaine ne souhaite pas arrêter Ben Laden », déclare distinctement un proche du Président afghan. A quel incroyable jeu de dupes assistons-nous ? « Non seulement les Talibans peuvent à présent compter sur 15 à 20 000 combattants, et contrôlent, de fait, plusieurs provinces, mais Al-Qaïda est revenu en Afghanistan. C'est cette organisation terroriste qui se livre à des attentats-suicides. Attentats qui n'existaient pas jusqu'alors dans ce pays », constate Emmanuel Razavi. Ben Laden, les ratés d'une traque corrobore parfaitement le livre écrit par deux militaires américains membres des Forces spéciales, Alan H. et Adam R. « Alors que la CIA avait un satellite positionné au-dessus de la tête du mollah Omar et des bidules qui permettaient de mesurer le moindre poil de sa barbe, aucune des armées de la coalition ne voulait lui courir après, c'était incroyable », racontent-ils dans le livre Sur les traces d'Al-Qaïda, paru fin 2004 en France.

Les deux soldats, qui n'ont pu dénicher d'éditeurs aux Etats-Unis, racontent avec force et détails les invraisemblables «cafouillages» de l'armée américaine. Ainsi, lorsque les Forces spéciales parviennent à capturer le numéro 1 militaire des Talibans, Mullah Akhtar Osmani, quinze jours plus tard, le prisonnier réussit à s'enfuir. Quand ces militaires d'élite découvrent où se terre le mollah Omar, leurs supérieurs répondent que ce n'est pas le moment, qu'il n'y a pas d'hélicoptère disponible, ou pas de carburant… « Pénurie d'hélicoptères », me répondit-on. Or la base aérienne était couverte d'hélicoptères Chinook CH-47, MH-53J Pave Low III dernier cri, et autres. « Les équipages d'hélicoptères avec lesquels je discutai me confirmèrent que leurs engins fonctionnaient bien, et qu'eux aussi attendaient qu'il y ait un peu d'action », raconte l'un des membres des Forces spéciales américaines en Afghanistan.

Le livre se termine ainsi : « Nous sommes tous coupables, nous qui restons avachis devant la télé à gober les sornettes que nous racontent nos dirigeants. »

in indymedia lille Link

- Pour voir des extraits du documentaire Link

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Comments
on Dec 25, 2006
how does bin laden remain in the wind after 5 years of being hunted by the world's most powerful nation utilizing the world's most advanced technology?

he's permitted to do so is--very sadly--the most likely explanation.

on Dec 26, 2006
how does bin laden remain in the wind after 5 years of being hunted by the world's most powerful nation utilizing the world's most advanced technology?


Kingbee,

How is it that people on the FBI 10 most wanted list are there for years without being caught? It must be the FBI wants them out there. My brother-in-law was on the list for 3 years when he was caught he was a school bus driver in Chicago, before that he was a police dispatcher in Atlanta. So the FBI and local police wanted him on the streets cause they could have picked him up any time according to you.
on Dec 26, 2006
Je le trouve difficile de croire cette histoire. S'il est vrai et il l'était sorti aurait ruiné le Président Bush dans son élection. C'est quelque chose que la pression américaine aurait a aimé faire.
on Dec 26, 2006
how does bin laden remain in the wind after 5 years of being hunted by the world's most powerful nation utilizing the world's most advanced technology?

he's permitted to do so is--very sadly--the most likely explanation.


No - it is because the asshole is dead and myth is what keeps him alive - the us killed him yonks ago.
on Dec 26, 2006
No - it is because the asshole is dead and myth is what keeps him alive - the us killed him yonks ago.


Si c'est vrai, quoique ça reste probable pour tas de raisons, je pense que l'administration Bush ne pouvait s'en priver de l'annoncer avec tout le triomphalisme qui se doit pour appuyer l'apologie de la war on terror et assouvir un sentiment de vengeance, du reste tout à fait humain, comme c'était le cas avec Zarqaoui...
on Dec 26, 2006
Je le trouve difficile de croire cette histoire. S'il est vrai et il l'était sorti aurait ruiné le Président Bush dans son élection. C'est quelque chose que la pression américaine aurait a aimé faire.


Je ne pense pas que ça aurait changé grand chose, tellement Bush ne s'embarrassait guerre de ces forfaitures, au-delà de toute espérance...