A quelques jours de l'ouverture du festival de Marrakech, avec toutes les ambitions du monde qu'on lui accorde, Ahmed Senoussi,alias Bziz, le censuré éternel, compte, selon Al-Quds Al-arabi (1), mener, à son corps défendant, une grève de la faim, pour recouvrer sa liberté d'expression , et ce juste devant le fameux palais marrakechi . Cette mauvaise farce – un legs de l'ère Basri - dure depuis 16 ans, alors que la raison d'Etat se donne de beaux privilèges en paillettes devant le monde entier avec le gotha planétaire du showbiz. Non sans sarcasmes besogneux et en pamphlétaire accompli, Bziz avance les raisons de son acte, le deuxième à son actif depuis 2005 : "C'est parce que moi aussi j'ai un film avec lequel je veux participer, un film navet auquel le gouvernement a œuvré pour sa mise en scène depuis 16 ans. Je veux dire la vérité à tout le monde, la vérité de ceux qui ont tramé à mon égard le scénario des portes ouvertes et de la liberté d'expression .Je veux dire à ceux-là que c'est un scénario sans succès et que le gouvernement ne réussisse que dans les films d'épouvante et de la fausseté. D'un autre côté, je veux que ces étrangers, artistes ou journalistes, sachent que le gouvernement ne nous traite pas de la même façon, comme à leur égard. Elle entreprend à montrer le Maroc sous une image d'un pays ouvert et démocratique, en plus d'autres slogans flamboyants. Cependant regardez cet artiste interdit depuis plusieurs années à rencontrer son public dans toutes les salles publiques au Maroc, y compris celles de Marrakech. Vous, les artistes étrangers, vous êtes les bienvenus dans un pays qui interdit et réprime ses artistes, même si une majorité parmi vous a produit des films qui portaient préjudice aux arabes et aux musulmans et rendaient service, de toutes les manières, à l'idéologie sioniste et à l'agenda américain." Etc.
Certes, on ne peut souscrire aux quelques allégations péremptoires de Bziz, mais l'ostracisme dont il est objet ne peut que susciter l'indignation et l'objection les plus totales, des uns comme des autres. Bziz peut-il faire figure emblématique de l'exclusion sous les deux règnes de Hassan II et M6 ? La tentation est tenace, a priori, de considérer que, oui, l'humoriste incarne jusqu'à l'absurde la condition de l'artiste exclu. A l'évidence, on ne peut croire qu'il y ait autant de mauvaise raison d'Etat aggravée dont la seule ambition est de recréer le monde si coincé, ignoble et inexpiable des années de plomb. C'est le futur qui nous attend, pas le passé ! Or, si cette mise à l'écart à l'encontre de Bziz s'éternise davantage, c'est que le microcosme du pouvoir n'a vraiment compris rien à rien...
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