Le Rêve d'Eradication de la Bêtise en Quelques Préceptes ...
Dans nos sociétés d’hommes sensés, la vanité (vanity) n’a rien à faire ; sont bannis le souci des apparences, les aveuglements de l’esprit cherchant à se faire valoir. Le sot (silly) qui voudrait briller se trouverait isolé.
La vie de l’esprit est reçue sans effort et sans contraintes. Les connaissances (knowledge) inutiles ou indigestes sont bannies.
Il n’y pas de gravité ridicule, pas de lourdeur venant d’une érudition mal digérée. Nul dogmatisme ne vient bloquer le discours, l’échange ignore l’interruption et la contradiction. Tous participent à la vie poétique et musicale.
En l’absence d’esprits bornés et prétentieux ( narrow minds), un voile de réflexion s’étend sur la tête de ces personnes qui se sont ouvertes au souffle de l’esprit. Nul n’intervient pour cesser la conversation, comme si celle-ci était fatiguante. Aucune voix ne se manifeste pour énoncer bruyamment une tautologie.
La banalité des urgences quotidiennes, la répétition du réel par des mots triviaux, la volonté d’acquérir des biens insignifiants ne domineront plus les propos.
L’esprit ne sera plus l’esclave des chose. Dans l’ordre pratique, on n’ira pas chercher à résoudre des problèmes insolubles ; on ne se donnera pas d’obligations difficiles à satisfaire ; il suffira de rester en éveil pour pouvoir répondre à telle ou telle tension imprévue.
De la même façon, il y a insuffisance de pensée lorsqu’un exécutant ne veut qu’appliquer à la lettre un règlement sans voir les nuances ( shades of meaning) que le monde propose, sans considérer l’originalité des situations et les cas personnels. Un esprit éveillé (smart minds) sait dépasser spontanément l’univers froid des consignes (orders), l’application automatique des lois. La prudence suffira pour faire cheminer la réflexion et la rapporter au réel (reality). Le sage sait économiser sa pensé.