Uti, Non Abuti - Use de tout, mais n'abuse de rien.
Droit à la Patrie
Published on November 16, 2006 By marouki In International

Depuis de nombreuses années, nous défendons ici une idée qui n’est pas très originale, quoique tout de même contestée par certains : le conflit israélo-palestinien n’est pas un conflit régional comme un autre. Son importance ne se mesure ni à la surface des territoires disputés, ni au poids socio-économique de ses protagonistes, ni même au nombre de ses victimes. Ilest pour nous autres, Français, ou Européens, ou Occidentaux, un conflit central qui empoisonne nos sociétés. Etc’est peu dire qu’il représente pour le monde arabo-musulman une sorte de butte-témoin des relations avec l’Occident. Si nos médias le couvrent et peut-être le surcouvrent, chacun avec sa sensibilité, il n’y a donc rien d’anormal. Tout événement qui se passe du côté de Jérusalem, de Ramallah ou de Gaza, de Tel-Aviv ou même de Beyrouth détermine un peu de l’humeur du monde. C’est ainsi que, une fois de plus, les images du carnage de Beit Hanoun ont bouleversé l’opinion sous toutes les latitudes. Dix-neuf morts dans ce village du nord de la bande de Gaza, anéantis par des missiles israéliens. Toute une famille décimée... C’est à hurler. Comme c’est à hurler quand une bombe humaine frappe des civils israéliens, dans un bus ou dans un restaurant. À cette différence près que c’est d’un côté un État moderne, usant des armes les plus sophistiquées, qui frappe avec une froide détermination ; et de l’autre, des individus ou des groupes portés par la rage et le désespoir. D’un côté, c’est la raison d’État, et d’un État qui ne veut pas, au fond, céder un pouce de son projet colonial ; et de l’autre, c’est la déraison qui résulte d’un sentiment d’impuissance.

Mais aux images insoutenables de Beit Hanoun s’est ajouté un fait politique qui en aggrave la signification. Il s’agit bien sûr du veto américain opposé dimanche au Conseil de sécurité de l’ONU à une résolution arabe condamnant le massacre (et les roquettes palestiniennes tirées sur Sderot). Dans son injustice narquoise, ce veto est moralement aussi épouvantable que le massacre lui-même. Il fait une fois de plus l’apologie du non-droit absolu. Quand on sait que ce conflit se mène en permanence sous les yeux du monde entier, et que beaucoup y forgent leur morale, on mesure les dégâts que peut provoquer un tel acte politique. Le désespoir est venu de New York, où siège l’ONU. L’espoir vient donc d’ailleurs. Il vient d’abord de la relance de la négociation inter-palestinienne visant à constituer un gouvernement d’union nationale, mêlant représentants du Hamas, du Fatah et personnalités de la société civile. On se souvient que cette négociation était sur le point d’aboutir au mois de juin dernier quand l’enlèvement d’un soldat israélien et laviolente répression qui s’ensuivit bloquèrent le processus.

Reste à savoir si Israël accepterait de discuter avec un tel gouvernement, ou si d’autres arguties seraient avancées pour rejeter une fois de plus la possibilité d’un dialogue. Parallèlement, l’espoir vient aussi de la Ligue arabe. Ce qui est plutôt rare si l’on considère l’effacement historique des capitales arabes dans ce conflit. Pour une fois, une proposition a jailli d’une réunion convoquée en urgence dimanche au Caire. Les pays de la Ligue sont convenus de verser des fonds à destination de l’Autorité palestinienne et de tenter ainsi de briser le blocus économique imposé par Israël. Les mêmes ont envisagé de relancer l’initiative saoudienne de 2002 : une normalisation totale et définitive des relations entre le monde arabe et Israël en échange d’un retrait des territoires occupés depuis 1967. Il y a quatre ans, Israël avait balayé d’un revers de main cette offre de paix globale. Le ministre saoudien des Affaires étrangères a cette fois suggéré que ce plan soit discuté au cours d’une conférence internationale à laquelle participeraient Israéliens et Palestiniens. Mettant ainsi chacun face à ses responsabilités. Le Hamas compris.

Vu d’ici, on peut seulement s’autoriser cette interrogation : n’est-il pas paradoxal que l’offre de paix vienne du régime féodal de Ryad, et non de l’une ou de plusieurs grandes capitales occidentales ? Les choses bougent un peu aussi à Washington. La cuisante défaite de Bush aux élections au Congrès, le7 novembre, et la crise irakienne commencent à rendre audibles d’autres voix. Depuis un certain temps déjà, le vieux James Baker, ancien patron de la diplomatie américaine sous George Bush père, et promoteur en 1991 de la conférence de Madrid, milite en faveur d’un dialogue avec l’Iran et la Syrie. Ce serait évidemment la fin de « l’axe du Mal », cher au fiston Bush. Encore faudrait-il pour cela que le dialogue soit ouvert sans conditions. Il faudrait aussi que la centralité du conflit israélo-palestinien soit reconnue. Baker veut bien discuter avec le président iranien Ahmadinejad, mais pas avec le Hamas. Ce qui au fond n’est guère étonnant. Reconnaître la direction palestinienne pour ce qu’elle est, c’est commencer à envisager une solution à ce conflit (1). Et c’est prendre le risque d’être rapidement en porte à faux avec Israël. Ce qui reste impensable aujourd’hui encore chez les Démocrates comme chez les Républicains.

Denis Sieffert in Politis Link

1- Lire l'excellent article de Hind Khoury : Jérusalem-Est, symbole de l'impunité in Le Monde Link

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Comments
on Nov 16, 2006
Je ne parlaiz pas Francais.
on Nov 17, 2006
Translation by Babelfish:

Since many years, we defend here an idea which is not very original, though disputed all the same by some: the israélo-Palestinian conflict is not a regional conflict like another. Its importance is measured neither on the surface of the disputed territories, neither with the socio-economic weight of its protagonists, nor even with the number of its victims. Ilest for us others, French, or European, or Western, a central conflict which poisons our companies. Etc' is little to say that it represents for the world arabo-Moslem a kind of flat-topped outlier of the relations with the Occident. If our media cover it and perhaps surcouvrent it, each one with its sensitivity, it thus has nothing abnormal there. Any event which occurs on the side of Jerusalem, Ramallah or Gaza, Tel-Aviv or even of Beirut determines a little the mood of the world. Thus, once more, the images of the carnage of Beit Hanoun upset the opinion under all the latitudes. Nineteen died in this village of the north of the Gaza Strip, destroyed by Israeli missiles. A whole decimated family... It is to be howled. As is to be howled when a human bomb strikes civil Israelis, in a bus or a restaurant. Àcette difference close it is on a side a modern State, abrasive of the most sophisticated weapons, which strikes with a cold determination; and other, individuals or groups carried by the rage and despair. On a side, it is the State and reason of State, which does not want, at the bottom, to yield an inch of its colonial project; and other, it is the insanity which results from a feeling of impotence. But to the insupportable images of Beit Hanoun was added a political fact which worsens the significance of it. It acts of course of the American veto opposite Sunday with the Security Council of UNO to an Arab resolution condemning the massacre (and drawn Palestinian rockets on Sderot). In its injustice narquoise, this veto is morally as terrible as the massacre itself. It defends the absolute not-right once more. When it is known that this conflict is carried out permanently under the eyes of the whole world, and that many forges their morals there, one measures the damage which such a political act can cause. Despair from New York, where seat UNO. The hope thus comes besides. It comes initially from the revival of the inter-Palestinian negotiation aiming at constituting a government of national union, mixing representatives with Hamas, of the Fatah and personalities of the civil company. One remembers that this negotiation was about to lead to last June when the removal of an Israeli soldier and laviolente repression which followed blocked the process. Remain to know if Israel would agree to discuss with such a government, or if other quibbles would be advanced to once more reject the possibility of a dialogue. In parallel, the hope also comes from the Arab League. What is rather rare if one considers the historical obliteration of the Arab capitals in this conflict. For once, a proposal spouted out of a meeting convened in urgency Sunday in Cairo. The countries of the League are agreed to pour funds bound for the Palestinian Authority and to thus try to break the economic blockade imposed by Israel. The same ones planned to start again the Saoudi initiative of 2002: a total and final normalization of the relations between the Arab world and Israel in exchange of a withdrawal of the territories occupied since 1967. Four years ago, Israel had swept of a reverse of hand this offer of total peace. The Saoudi Minister for the Foreign Affairs has this time suggested that this plan is discussed during an international conference in which would take part Israéliens and Palestinians. Thus putting each one vis-a-vis at its responsibilities. Hamas included/understood. Seen from here, one can only be authorized this interrogation: isn't it paradoxical that the offer of peace comes from the feudalism of Riyadh, and not of one or several large Western capitals? The things a little also move in Washington. The demolished cuisante of Bush to the elections with the Congress, le7 November, and the Iraqi crisis start to make audible of other voices. For a certain time already, the old man James Baker, former owner of the American diplomacy under George Bush father, and promoter in 1991 of the conference of Madrid, militates in favour of a dialogue with Iran and Syria. It would be obviously the end of "the axis of the Evil", expensive with the Bush little boy. Still it for that would be necessary that the dialogue is open without conditions. It would also be necessary that it israélo-Palestinian conflict is recognized. Baker wants to discuss well with Iranian president Ahmadinejad, but not with Hamas. What at the bottom is hardly astonishing. To recognize the Palestinian direction for what it is, it is to start to consider a solution with this conflict (1). And it is to take the risk to be quickly overhanging with Israel. What remains unthinkable today still among Democrats as at the Republicans. Denis Sieffert in Politis Link 1 Lire excels it article of Hind Khoury: Jerusalem-est, symbol of impunity in the World
on Nov 18, 2006
To Deference,
Thanks a lot, anyway !