A quoi sert le Premier Ministre ?
"A quoi sert le Premier ministre?" s'interrogeait l'hebdomadaire Nichane dans son dernier numéro. Réponse du berger à la bergère, la Primature du diaphane Jettou ne s'est pas fait prier pour donner le change. L'arrêté d'interdiction est tombé hier. Je l'ai appris par le 20H, tout asséné d'un ton goebbelsien si familier à la RTM dans pareille ciconstance. En voici le communiqué :
"L'hebdomadaire "Nichane", publié en langue arabe, a consacré dans son numéro 91, du 9 au 15 décembre 2006, un dossier aux anecdotes relatives notamment à la religion.
Une poursuite judiciaire a été engagée sur la base de ces écrits contre l'auteur du dossier et le directeur de la publication, en application des dispositions du code de la presse.
Parallèlement et compte tenu des dispositions constitutionnelles consacrant l'Islam comme religion d'Etat au Maroc et du rôle de Sa Majesté le Roi, en sa qualité de Commandeur des croyants et de Protecteur de la foi et de la religion, et en prenant en considération l'atteinte que constitue la publication de ces anecdotes à l'encontre des sentiments du peuple marocain, le Premier ministre, es qualité et au nom du gouvernement, en application de l'article 66 du code de la presse, a pris un arrêté motivé d'interdiction de l'exposition sur les voies publiques ainsi que la diffusion par quelque moyen que ce soit de l'hebdomadaire Nichane"(sic).
Mieux que d'habitude, Driss Jettou a acquis une épaisseur qui colle à merveille avec la raideur nullement sympathique de la censure qu'il incarne. Etant attché à l'égard de mon égoïsme de citoyen libre, je ne peux qu'exprimer ma stupéfaction la plus totale vis-à-vis de cet accès de "fanatisation" des journalistes. Les blagues - même celles grinçantes au sujet de Dieu- sont ce qu'elles sont, la liberté d'expression doit impérativement prévaloir, y compris le droit au blasphème. A l'évidence, tous les soixante-sixtards de service- selon le déplorable article 66 du Code de la Presse Link - vont se ruer la tête basse pour crier au scandale. Sans compter les islamistes de tout poil, le Conseil Supérieur des Ouléma et la Rabita Mohammadia, dont la raison sociale tient souvent dans la parodie suiviste, ont ouvert le bal solennellement aujourd'hui, la levée de boucliers ne fait que commencer, vu le retard de réaction de presque 2 semaines après l'apparition du numéro incriminé; les on-dits prenderont le relais pour épaissir la soupe et la Justice n'y verra que du rouge à sacrifier sur l'autel du dogme immaculé et de l'ordre établi, pour ramener tout le monde dans le droit chemin des bien pensants... Alors, la Hadatha - petite mythologie portative du pouvoir - peut toujours attendre, tant qu'il s'avère qu'elle n'a pas le sens de l'humour, ni d'ailleurs le moindre sens de la réalité.
-Pic "bouc émissaire" prise chez Opendoor
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-Pour lire tout le dossier de Nichane sur les blagues, check this
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-Pour les nichani solidaires
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