Les chemins qui mènent à Talsint. Encore une affaire journalistique ! Et l'histoire rocambolesque, menée tambour battant, refait surface. Selon Assahifa, et on croit sentir la providence, le Maroc, en dépit de toute désespérance, est bel et bien un pays pétrolier. La preuve, une lettre de Skidmore - société de prospection à Talsint - adressée aux caciques marocains, y compris M6, où il question de doléances et surtout d'un kaléidoscope d'allégations sur la manne noire et les implications tendancieuses de sa non-exploitation... Assahifa n'en a publié q'un compte rendu, dans la promesse de la publier intégralement le jour suivant.
Dans la soirée du Mardi, l'affaire a enflé en gros plan cathodique, entre FMEJ, SNPM et autres commentaires "pédagogiques" en bois pour incriminer le manquement à la déontologie et surout à la sacralité des institutions. Beaucoup d'eau - trouble, certes - est passée sous les ponts, Assahifa a présenté ses excuses et décidé de s'eclipser de parution jusqu'à nouvel ordre. Le lendemain, le pardon royal est tombé et le peloton d'exécution judiciare épargné...
Dessine-moi une absence de pétrole? Entre théorie du complot et acharnement mensonger, cette interrogation ne relève plus de la Quatrième dimension. Dans cette affaire de Talsint, on a assisté à la métamorphose d'une possibilité d'eldorado en une farce protocolaire clinquante, d'une information "sensationnelle" à un mea culpa qui s'apparente à un rappel à l'ordre... En latin, mentire dispose de plusieurs sens, parmi les lequels celui d'inventer des "fictions". Reste à savoir laquelle des versions puise davantage dans la vraisemblance : celle de Skidmore ou celle de l'Etat marocain. Un Erasme précisait que "l'âme humaine est ainsi modelée qu'on la prend beaucoup plus par le mensonge que par la vérité."
(1) Jean-François DENIAU