Excepté l'atmosphère d'état d'urgence que prend la campagne électorale ces derniers jours dans certaines villes et contrées, rien ne prédit que ces élections ne seront, encore une fois, qu'une piètre affaire de style pour le Makhzen. Loin de moi l'idée de jouer les Cassandre, mais le constat est flagrant : la représentation est en crise depuis des lustres, puisqu'il y a un fossé social immense entre les élus et le peuple d'une part, et un autre plus idéologique entre les "intellectuels" et la monarchie d'une autre part. Aujourd'hui, les électeurs marocains en mal de démocratie n'y changeront strictement rien. En conséquence, la société marocaine ne cessera jamais d'apparaître que comme étant fondée sur une strafication de "conventions" - certains parlent de consensus- qui ne font que perpétuer les anciennes erreurs et nourrir le caractère artificiel des rapports politiques, et dans tous les azimuts d'ailleurs.
Sans réforme constitutionnelle, et ce n'est pas un luxe comme prétendent certains, ces élections n'aboutiront, au mieux, qu'à une simple redistribution des rôles, et, au pire, à une décrédibilisation du politique et des instances élues. En effet, ni la "gauche historique", ni les "islamistes" ne verront leurs ambitions politiques dotées de réelles prérogatives exécutives. D'ailleurs, rares sont les partis qui ont évoqué ostensiblement la cause - c'en est une- de la réforme constitutionnelle dans leurs programmes électorales.
Pour me part,et même si je n'ai pas la mémoire courte, je ne suis pas du genre versé dans l'abstentionnisme, quoique ça reste un acte politique pour beaucoup de personnes. Sans doute, beaucoup de mes présomptions pour de beaux lendemains se sont dissipées avec le fameux volte-face royal de 2002. Et pourtant, dans quelques heures, et par acquis de conscience, je m'exécuterai en "citoyen libre" pour, sans les nommer, ceux qui, pendant des années, ont réclamé à corps et à cris la réforme de la constitution sans aucune once de romantisme politique... Seule l'égalité dans l'exercice politique peut apporter un équilibre salvateur entre les pouvoirs, mais principalement entre ces derniers et l'institution monarchique. Toute la dynamique de la politique au maroc tient dans cet enjeu.