« Rien n'est plus dangereux qu'une idée, quand on n'a qu'une idée. » Alain
Par delà les agitations de l’histoire marocaine, la réflexion demeure la même : nous sommes une société de consensus mou, où les idées sont loin d’avoir pignon sur rue. Et s’il y en a, force est de constater qu’on est acculé souvent à faire dans la récupération, faute de mieux. Si liberté, égalité et fraternité ont fait la gloire des français ; liberté d’expression, égalité des chances et pragmatisme celle des américains, j’ai l’impression que les marocains n’ont fait que squatté les marges de la soi-disant trilogie emblématique qu’est Allah, El Watan, El Malek. Trois entités – quasi surannées – qui ne peuvent ni inspirer un projet de société digne de ce nom ni se confronter au diktat de la modernité.
Au vu de la carte politique marocaine, cette déficience dans les idées – presque délibérée - est on ne peut plus notoire, la notion de différence entre partis politiques en lice n’est qu’une affaire de dommages et intérêts, et le rôle des idées et idéologies n’est que secondairement minime, opportun et solennel dans le pire des cas. Au lieu des décideurs, on a des technocrates, sinon des ministrables, et à la place d’idées mobilisatrices des rumeurs de remaniement semées à tout vent et des échéances butoir comme 2007, 2010, pour ceux qui affectionnent la numérologie gratuite. Or, qu'on le veuille ou non, la seule idée, de loin la plus consacrée, qui émeut presque la majorité de la jeunesse marocaine est L'HRIG, une conception stéréotypé et apathiqque de la vie poussée à sa plus extrême limite, et sans doute fondée sur des malentendus.
Quand les affinités communes telles que religion, origine, histoire et même langue seront exorcisés de leurs privilèges et préjugés, le commerce des idées au pluriel ne pourra que réanimer les énergies positives de notre société.