Il y a 4 jours, tout repu et allongé, le regard vide et l'imagination qui se mord la queue, j'ai reçu un coup fe fil. J'y ai répondu le plus gentiment du monde. Une voix féminine, élégante certes, m'apostropha à bout pourtant, sans le moindre boniment de rigueur : " J'ai rêvé de ce numéro, t'es qui?". Carrément cabotin et impressionné, je me suis mis à rire. Elle m'a demandé pourquoi je riais (sic) et m'a raccroché au nez, sans une velléité autre. Sans doute aurait-elle préféré m'entendre se pasticher en Rodrigo marocain systématisé. Pauvre malheureuse !!! Instantanément, j'ai imaginé la scène comme épilogue dans un film, à la Franz Capra...
On a beau idéaliser sur le tact des femmes et leur courage littéraire à nommer les choses, je ne vois pas comment je peux rêver d'un numéro. Les seules fois où je rêve en chiffres, c'est quand je joue, en commun ignare, au loto, kéno et quinté. Autant le dire, je n'ai jamais gagné quoi que ce soit d'ailleurs.
Passé la sensation d'être pris par les mots, il est bien certain qu'on se pose des questions, qu'on cherche des références pour se rassurer, quitte à frôler l'a-priorisme et le jugement péremptoires. Que sont les rapports humains sinon des rapports de manipulation ??? Cependant, je n'ai pu m'empêcher de rêver sur le genre de fille que ça peut être : une sophistiquée, une allumeuse sans envergure, une calculatrice, une fille-flirt, une divine, une copine-copine, une fatale, une it-girl, une tête folle ou froide, une blonde platine, une acidulé, une perverse...Tout l'idéal féminin y est passé, de thedra Bara à Jane Fonda, enfin presque...
« On dit communément : "La plus belle femme du monde ne peut donner que ce qu'elle a", ce qui est très faux : elle donne précisément ce qu'on croit recevoir, puisqu'en ce genre c'est l'imagination qui fait le prix de ce qu'on reçoit. » Chamfort.
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Pour les poètiques, le célebrissime Mon Rêve Familier de Verlaine pour se chouchouter l'esprit...
Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant
D'une femme inconnue, et que j'aime, et qui m'aime,
Et qui n'est, chaque fois, ni tout à fait la même
Ni tout à fait une autre, et m'aime et me comprend.
Car elle me comprend, et mon coeur transparent
Pour elle seule, hélas! cesse d'être un problème
Pour elle seule, et les moiteurs de mon front blême,
Elle seule les sait rafraîchir, en pleurant.
Est-elle brune, blonde ou rousse? Je l'ignore.
Son nom? Je me souviens qu'il est doux et sonore,
Comme ceux des aimés que la vie exila.
Son regard est pareil au regard des statues,
Et, pour sa voix, lointaine, et calme, et grave, elle a
L'inflexion des voix chères qui se sont tues.