Drames personnels, Drames d'un peuple
• "Construire le mur précisément ici n'a rien de sécuritaire, explique le proviseur d’un lycée, dont le terrain de volley-ball a été coupé en deux par le mur de séparation . Le but des Israéliens est de protéger les colonies et de couper la Cisjordanie de Jérusalem, notre future capitale."
• "La plupart de nos 18 pensionnaires originaires de Cisjordanie ne reçoivent plus de visites, déplore l'une des religieuses d’une institution catholique. Leurs enfants ne parviennent pas à obtenir les permis pour traverser le mur."
• "A une époque, on accueillait une femme qui suivait une dialyse en Cisjordanie. Ses déplacements sont devenus trop compliqués, on a dû renoncer à la garder. Une autre possédait une maison juste de l'autre côté du mur et s'y rendait tous les jours. Elle a dû faire une croix dessus."
• "Si les Israéliens peuvent prouver que je vis en Cisjordanie, ils me retirent ma carte de Jérusalem et je reste bloqué de l'autre côté", se désole une père de famille .
• "Le mur nous renvoie au Moyen Age. Il est impossible de trouver du travail en Cisjordanie", assure un jeune homme qui, avant l'Intifada, débitait des poulets sur le grand marché israélien de Jérusalem. "Quand les enfants sont malades, nous leur donnons des infusions de plantes, car les médicaments coûtent trop cher. En tant que réfugiés (de 1948), nous avons le droit de nous faire soigner gratuitement dans l'un des grands hôpitaux de Jérusalem-Est. Mais, à présent, on ne peut plus y accéder. On doit aller à Ramallah et payer." Personne ne comprend cette "punition collective" infligée par Israël. "La Palestine est devenue le cimetière des vivant, assure son frère. Désespéré, son bébé sur les genoux, il "regrette de ne pas être mort en martyr" durant les manifestations.
• "Il me faut deux heures pour y aller. Et encore, je dois obtenir un permis des Israéliens", se plaint un agriculteur quinquagénaire, à la tête d'une famille de dix-sept personnes. Il n'y a pas si longtemps, cinq minutes lui suffisaient pour dévaler la colline où il a construit sa maison et accéder à ses champs d'oliviers. Depuis plusieurs mois, une route, protégée par un grillage électronique, balafre le paysage à 30 mètres de son habitation et lui interdit l'entrée sur ses terres.
• Les Israéliens voulaient nous forcer à quitter les lieux", juge un des responsables du Comité de lutte contre le mur pour le district de Qalqiliya. "Dans certains hameaux, le transfert a marché : plus de la moitié des gens sont partis. Moi-même j'ai quitté Ras-at-Tira pour vivre à Qalqiliya, où je travaille. Certains matins, j'attendais deux heures au portail, sans raison."