De la Racaille au Rôle Positif ...
Juste après les émeutes de la banlieue, et avant même que les esprits ne soient vraiment apaisés, voilà encore, en terre de France, un incident qui fâche : un article de loi incitant les programmes scolaires à mettre en exergue le « rôle positif » de la colonisation, notamment en Afrique du Nord. La machine républicaine encore une fois s’emballe et récidive et la polémique ne cesse d’enfler. Sarkozy l’a pris à ses dépens, alors qu’il comptait faire un visite aux Antilles, les « indigènes » lui ont fait savoir qu’il était persona non gratta, Solennellement, vu ses antécédents.
Tant pathétique était d’entendre les uns et les autres, de droite et de gauche françaises, pétris de sentiments altruistes et bruissant d’idées nouvelles, sermonner à tout vent l’échec du mythe de l’intégration, tout en incriminant les méfaits de la discrimination raciale à l’éducation, à l’embauche, à l’habitat..., tant est flagrant et réactionnaire cet acharnement républicaniste de bas étage dans l’esprit d’une loi, quelque soit d’ailleurs sa portée.
Chirac, pris au dépourvu, n’a pas trouvé mieux pour calmer les animosités que de créer une « mission pluraliste », subterfuge politicien, encore plus mesquin, digne d’un bureaucrate désabusé que d’un président d’état. Sans indignation mais avec un euphémisme tergiversé, il déclarait que "ce n'est pas à la loi d'écrire l'histoire" et que "dans la République il n'y a pas d'histoire officielle". Dans le même élan, l’incendiaire Sarkozy, toujours fidèle à son image, enfonce le clou dans un journal télévisé : « … le colonialisme, ce n'est pas bien, naturellement, mais cela n'a rien à voir avec les départements et territoires d'outre-mer. Cela n'a rien à voir avec la Martinique, ça avait tout à voir avec l'Afrique du Nord". Pire encore, selon lui, "Cette repentance permanente, qui fait qu'il faudrait s'excuser de l'histoire de France, parfois touche aux confins du ridicule" …
Désormais chaque bêtise se lit dans l’autre, jusqu’à ne plus pouvoir distinguer qui est qui, qui dit quoi : de la racaille de Sarkozy aux méfaits de la polygamie, mère de toutes les émeutes selon Larcher, des élucubrations racialistes de Finkielkraut à cette « loi de la honte ». On dirait un peloton d’exécution de tous les idéaux qui peuvent effleurer la tête de tout un chacun. Les perspectives républicaines ressemblent de plus en plus à une camisole de force pour les soi disant banlieusards, en marge des lumières…La république devient la caricature d’elle-même, à force de prêcher par le contre-exemple…
Revenons à cette loi. « Le pacte républicain » souvent invoqué comme une valeur politique semble faire défaut à l’égard des immigrés.Il est navrant de constater que le concept du citoyen perd de son sens séculaire, le seul véritable : l’école est et reste, pour l’essentiel, celle du citoyen, en ce sens qu’elle doit traiter les citoyens de manière égale. Promulguer une telle loi manque à cet état d’esprit et ne tient pas compte de l’affaiblissement du lien national et de l’émergence du multiculturalisme, partout dans le monde d’ailleurs. Rappeler aux nord-africains et à ses citoyens leur passé de colons et de colonisés ou de néo-colons et de néo-colonisés montre à quel point le « modèle français » d’intégration est au bout du souffle, si volontariste au risque de nier les réalités sociales de l’immigration et les évidences historiques du colonialisme, et si universaliste jusqu’à oublier que LE MOT LIBERTE N’A PAS DE NATION et que le COLONIALISME N’EST PAS UN MYTHE FONDATEUR pour l’infinité de « bons sauvages » que compte l’humanité...
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